samedi 29 juin 2019





Commettre de petits meurtres          dans les champs
et oublier les boîtes en carton des pizzas
la table en plastique sur la terrasse
et les transats                                    en position allongée





jeudi 25 avril 2019




Tee-shirt mouillé ne doit pas être déchiré en prévention à ton regard qui ne s’abstrait pas de tout passé et ne se pose pas juste sur mon corps mais mon dedans qui porte du sali et du trouble ne pas arriver à se foutre à poil sans que ma peau n'apparaisse stigmates en dehors en avant toute et se laisser transparaissant se dire qu'il ne reste plus grand-chose au bout de trente ans de sûr de confiance de sur quoi on pourrait un peu s'appuyer la coquille ne peut plus jamais être vide mais il y a la partie de l'œuf qui a pourri et qui pue sans que nous ne puissions rien faire on va pas passer l'œuf à la lessiveuse et mon œuf le jaune d'œuf au cœur c’est mon ventre qui se vide il se vide des souvenirs où on a les dents écartelées bien en vue étincelantes et ne s'accroche pas aux chairs aux parois que les tissus qui ont nécrosé moisis d'entente que j'ai avec toi qui est restée tue en silence dans l'épiderme et le corps se dissout passe à travers le trou qu'il y a dans mon ventre désagrège le cerveau se liquéfie à travers et coule ma main n’existe plus mais comment encore rester face-à-face étendue de silence entre nous tous sur lac qu'il faudrait traverser ou s'éloigner des rives il faudrait y faire pousser une montagne et on y mettrait des télésièges pour voir nos corps encore le tien tels qu'ils sont qu’il est et oublier ces autres mains sur nous les autres dents qui se sont un jour plantées dans nos épidermes courir creuser un trou en forêt s’ensevelir recommencer à se les planter


samedi 7 avril 2018




dans la bibliothèque il y a une phrase qui me cherche
autant que je la cherche

pris un livre, inattractif,
qui n’aurait jamais cru être pris, lu
lire plusieurs fois la phrase

apprendre

la phrase qui m’attendait :
Ses dents, il les rangeait dans un petit sac.

Dans la revue Humoir n°3

ses dents sac ses dents sac petit sac une petite dent des sacs des dents dans des sacs dent il lui il sac dents
dents lui
sac
un sac des dents
une dent
sac sac sac
à sac une dent
à chaque dent un sac
un sac à chaque dent
rangé
ranger
entreposer la dent dans le sac
des dents

le temps accordé à une action lui fait prendre de l’importance
si je dis,
vous avez un quart d’heure pour ramasser le petit pois tombé à terre
on vérifie un nombre incalculable de fois qu’il est bien ramassé
même si on sait qu’on l’a bien ramassé
on vérifie
ça rend toqué

vous avez dix minutes pour ouvrir un livre à la page 25

vous avez une demi-heure pour traverser le magasin

vous avez cinq minutes pour allumer la lumière

vous avez une heure pour changer de rue

de la même façon
vous avez quatre jours pour trouver une phrase

qu’elle soit dans un coin de rue, sous un livre, derrière un placard, vous avez quatre jours pour la trouver qu’elle soit sous votre lit, devant vous en ouvrant une fenêtre, les volets, qu’elle soit collée dans votre dos, sous la boîte de céréales, dans la casserole d’eau bouillante, suspendue entre le plafond et le carrelage de la cuisine, dans les oreilles de votre voisin de palier, dans l’os d’un poulet ou dans cette ampoule que vous avez brisée, dans la rigole un jour de pluie, ou de grand soleil, collée sous votre chaussure, dans le repli d’un tréteau alors déplié, entre les tranches de saumon fumé




dimanche 24 décembre 2017


Un gras en vaut au moins deux



dans les transports de l’entreprise il entreprend de rouler sans hésiter dans la direction de la ligne mais tergiverse au moment de tourner

sans circulation, le virage part vers une autre ligne sans changer de voie il déroule le fil du bitume pour mieux choisir sans y passer des plombes

sortant la carte et son déroulé qui dégringole sur les genoux, il écroule sur la route l’odeur des pneus sur le goudron frais

il goudronne sans tergiverser et soudain la route part dans le fossé couleur gras de plomb

la rigole, sans délibérer, attrape le rouleau de l’entreprise qui aplanit dans une direction

le liquide gluant noir du goudron digue dans un sens et se torsade d’un coup sans qu’il ne fut nécessaire d’exécuter quelconque choix

mais sa fonction au volant de la direction lui donne alors scrupule, et soudain, le gouvernail coule en direction de l’hésitation

côté orientation haut ? côté orientation bas ?

il se met à choisir tout en continuant de s’écrouler les sabots dans le vaste ruban luisant d’indécision
lourd comme du plomb qui serait coulé dans le moule de l’habitacle

il se laisse arracher la carte par la coulée grasse qui plane dans l’habitacle

et le dépliant se durcit d’un seul coup sous l’épaisseur fraîche du bitume décollé de la route

découlant de cette action délibérée, le plan plombe d’un coup l’atmosphère de l’habitacle et, en regardant de très près la carte de visite de l’entreprise, elle se met à vaciller, ondulant le long du long fil enroulé sur la route

il en faut peu pour que, dans la torsion du virage, le fossé apparaisse sans un signe préalable et immobilise l’habitacle à grands coup de vagues roulées surplombant l’habitacle le rendant statique sous le poids de plomb

dans une telle situation, l’entreprise lui a heureusement appris à réagir en toute certitude, sans s’égarer en épanchements d’hésitations vacillantes,

il saisit le gouvernail dans la marée de goudron qui envahit depuis la carte jusqu’à la ligne piétonne, et dans un geste gras, détruit l’habitacle appartenant à l’entreprise qui a pour ligne d’évacuer toute gérance maintenue par la régie qui ne gouverne plus rien et exploite les ressources de bitume gluant





Chapitre 2

ça commence d’un coup à swinguer, à tourner, à se mettre en mouvement, un des gouverneurs présents au poste de la gouvernance demande sans plus attendre qu’on délègue la tâche ingrate à celui qui est assis sur les chaises là-bas, un peu plus loin

jusqu’ici ils n’avaient pas réussi à déterminer l’origine du flux de la coulée grasse qui avait envahi soudain les lignes horizontales qui sillonnaient les marais

le mystère tournait dans leurs esprits et, se tarabiscotant, prenaient une forme abstraite qui se matérialisait parfois cependant en la forme informelle d’un rouleau compresseur

on n’avait pas l’habitude de se laisser envahir par ce genre de formes qui s’immisçaient dans les esprits à la manière d’une épaisse matière gluante qui ressemblait de près ou de loin à de l’attrape-mouches ou à du beurre

heureusement le gouverneur, gérant, maintenait le gouvernail et désigne sans plus hésiter l’homme qui est assis sur les chaises là-bas

l’homme des chaises se lève mais il s’avère qu’il ne peut en fait exécuter une telle action puisque son séant est vissé de la plus grotesque façon au siège
le gras s’est approprié l’assise rendant le soulèvement du poids de plomb tout à fait impossible

le gouverneur continue d’ordonner

l’homme des chaises hésite, vacille
et bien que le doute achève de l’ensevelir sous la coulée, il tente de se soulever le séant qui résiste sous le moule de la chaise qui a coulé dans différentes directions et le boudine bien trop pour que tout redressement soit possible hors de l’assise

le gras collant continue d’affluer sous les yeux du gouverneur qui finit par décider sans plus de doute ni aucun scrupule à laisser le gouvernail au beurre envahissant

il voit que la matière grasse s’approche en une rangée de coulis, sillonnante, pour se frayer une route jusqu’à lui

l’homme des chaises se trouve de plus en plus collé et submergé par la coulée qui lui dégringole sur le visage et les genoux,

l’odeur de saindoux afflue vers lui à grandes vagues et le submerge de tout son poids

l’odeur de la matière devance la matière elle-même et l’homme des chaises est de plus en plus paralysé tandis que le gouverneur abandonne définitivement la gouvernance

le coulis de beurre s’avance et augmente jusqu’à ensevelir parfaitement l’ensemble des chaises provoquant une marée qui n’hésite en rien quant à la direction qu’elle doit emprunter

l’origine du flot, qui est tout sauf linéaire, est de plus en plus brouillée tant il est devenu impossible d’endiguer le flux incessant de l’attrape-mouches tant envahissant

on tente de créer un monticule de chaises mais les assises se soudent par le beurre en mouvement, adhérant définitivement aux séants accolés, durcissant

on ne distingue plus aucune direction ailleurs qu’en se faufilant dans l’infiltration à contre-courant de la matière grasse sous les assises

mais soudain tout se fige et se durcit dans une nature morte de l’image du gras se desséchant le long des canaux et des fossés, soudant le mouvement dans une rangée fixe de sièges
























Personne ayant l’attrait du verbe dans la caboche
l’époque de ne plus
ne m’appelez pas mademoiselle
plaisir
partir en pavillonnaire comme des rognons
conquérant les coquillettes
sans parler des provinciaux
sans lendemains
avec lendemain
parler jardinage en s’attachant aux plantes d’intérieur
le chat est numéro un
ne sait pas se servir de baguettes chinoises
peur intense des scolopendres dans les gouttières
les bulbes en éclosion à éliminer
cervelle jamais dégoulinantes dans les manchettes
mais problèmes sanitaires posés
par le milieu hôtelier
sans complices pour agir mais
jeter la rémoulade aux molosses
pour donner
le pain à manger
garder les boyaux bien au sec
attacher avec du scotch
le camembert sur les cartonnettes
et envoyer le tout à Henri Michaux
infernalité des surprises ratées
ne sait pas reconnaître les chanterelles dans les bois
une Dordogne à explorer
l’érotisme sans automatisme mais beaucoup d’aphorismes
décanter une idée dans les égouts et aller les récupérer
a couru jusqu’à Bruxelles pour atteindre son phare
qui gît là-bas
mais bien vivant
pour squattage sur le canapé
sous peine de ne jamais habiter nulle part
et s’épuiser
un politicien qui n’en est pas un
sans abri
investiguer dans les confins de sa propre conscience
et décortiquer le tout
en pièce
un homme en pièces
un arrêté rectoral nous a demandé d’être respecté
nous le respectons
même si continuons à cueillir les champignons
merci de libérer la voie publique
merci de quitter la propriété privée
ceci est notre cathédrale
sortez dans le silence
écoutez le chant donné sans récompense
à celui qui veut bien
se faire tarir
jamais, tu m’entends,
jamais ne serai diabétique
ni en métamorphose vers ce que tu qualifierais de cloporte
le neuropsychiatrique m’intéresse
mais attention de ne pas le rendre bénin
vos cuisses sur le sable
nées de l’été
et les rayons qui tapent
en angle mort
la fierté de ceux qui ne demandent pas le pardon
mais l’attendent quand même
disent il est temps de nous écrier
de nous entendre
de se comprendre dans les vapeurs de l’obscurité
qui naissent de la pisse entre deux voitures
échapper aux sentiers foulés
il est de son plus haut point situé en forêt
que nous avons atteint en téléchargeant
toutes les cartes
que les revers de nos manches
ne se tiennent plus très bien
quand l’on se fait secouer contre un arbre
sans appuyer et démonter les pédales
je cuisine très bien l’omelette au fromage
comme je l’ai appris avec lui
en Belgique
une charrette qui se renverse sur la chaussée
il est possible que cela soit moi
que, devenant septuagénaire,
je perde la marboulette
m’enfonçant dans les trie-valises des aéroports
je me glisserai sur le tapis roulant
en prenant des poses sexy et émoustillée
je jouerai la gagne
je jouerai l’exposition mobile
tronquons-nous de moitié
et laissons-les venir à nous



vendredi 9 juin 2017

samedi 20 mai 2017



I met him floating all is
how to tell things
hardish This is hard to be right
to target
targeting I take the sea as a target
for one target a
Horizon
prospects This boat, là-bas. Out there.
I argue why I
I target and this is pointless
less than a point
Am looking this girl the sea
I stare at. These girls.
Girl because she has a girl's voice.
but maybe this is
It seems that.
is
Meaning is coming
come came come
Coming for Coming why
come in.
Cummings
never read him.
I met him
The boys the water in
how is he floating
To come back for the beginning of language
to the
start the end
Finally
when it is only letters signs side by side
In it.
when there's nothing to understand
when am I
Undercontaining
deconstructing your standing
I take a letter I could be like this
No more
no more simple
You take they are taking one And
then
just putting it on the beach.
for example
You can take a letter and just put it on the ground.
on the girl.
The beach is no longer a beach
so it is for the girl.
the boy the beach is a lane
Is a field is a sofa
is the yogurt sauce you prepared before
is the girl.
in the Sea
In la Manche.
making sense
I took the O like you As you did
a month ago or more I don't
Remember well
I take it and now I know that I'll never
do it anymore
It is now a boy a young boy
I tell it
because he took off his tee-shirt.
So to be sure of nothing
anything about the O letter
but that now
I met him.
And him
is no longer the same
asking for I
tomorrow



dimanche 29 janvier 2017





Le fils : Ma mère, c'est pareil si mon corps se dissout…et si je traverse la chaise quand je m’assois dessus ?




vendredi 30 décembre 2016












AW3A

A baby and the autumn
AW3A
someone running
a race
an arrow
racing
autumn
1261
leaves on the road
coffee mark why
he injured his right calf
running anyway
little girl black sweatshirt
running
red man
running
797
running
barriers
standing
felt note
arrow black felt pen note
AW3A
a staple
half removed

from a book




samedi 10 décembre 2016







La synthèse séparée en deux temps
les fourrages des îles
s’appuient sur les plateaux
ne ploieront pas
sous les inflexions des lignes



Nocturne et pourquoi nuit
sortant le flacon de la manche
il te dit
à deux tiers
se donnera le reste



Vaisseau écrasé sous l’ongle
saisir la pierre pour la faire croître
sous les gants de pvc
la maigreur est venue
s’appliquer sur les fronts



Révoltés et rencontrés
ils s’approchent de l’objet noir
collé sous le tarmac suspendu
la structure revêche accrochée
se délite
sous le poids des maîtres



Insulaire t’isole
te mérite à corriger
le verbe sortant de ta bouche
s’appeler par les réelles désignations



Ta carie comme vengeance
sans égard se quittera à l’issue
à saigner qu’attends-tu pour



Vin altéré si la soif se fait poindre
il te prend par les empreintes
suit la piste
à chercher les occurrences
laissées transparaissant



Si la voix ne donne plus rien de manifeste
sans caractère
tu prends tout ce qui te fait
taire
te tirant dans les remous du limon



Je m’avoue de moitié
sans être
sans faire bâiller
le drap ne correspond d’ailleurs pas
pour si peu que tu jettes



Sages par le fait
ton doigt pointe ce qui n’appelle pas
la présence d’elle
par les quartiers il ne reste que la peau
désagrège



Avec cet ordre
de la façon qui nous livre à voir
le témoignage n’a plus d’effet disant
désigne ce qui manque
à l’oralité de sa chute



Il s’agit de te laisser croiser
son bras roule
la paille n’habitue pas à ce genre de prise
t’abats
sans plus savoir attendre



La pulpe de l’extrémité de ce qui touche
de son sensible ne donne que de la digue
fouettant les chevilles les orties
et le pont qui partage
les pénètrent en deux



Se moque et l’œil
attaché à la connaissance
générosité du paragraphe
qui se donne à écrire
qui se fait
perdre



Et si la neige
se fait passer
commentant tous les abords
toujours le même bateau
si il fait île
un repli
capable de parler de demain



Elle tient sa main sur son front
avance
l’écran résiste et le brouillard
au-dessus
ne donne plus de mots



Il a appris
et le doute qui ne fait pas office de début
œuvre en processus
se fait
stérile, sériel
devient étranger à la prise



Le câble de la batterie
sur demande
déroulé sur la longueur
dressé sur ce qui surplombe
scène fixe
la plaque dans le carton



Le regard du toi au bord de l’eau
main sur main
le morceau de papier plié
pour toute trace
l’inattendu




dimanche 13 novembre 2016


Rien n'a changé - Réponse sur papier libre, Extrait






[...]



7
Le flot de la parole
comme une hypnose
me larde
la poudre se répand dans le sang
et la tâche à suivre



8
Nous avons oublié
sans aucune preuve
de nonchalance
tu évoques ce qui sonne en moi creux
ce qui n’a jamais été pris en note sur les bons fichiers
le tri sur lequel tu fermes les yeux
s’est abîmé



9
Les actes
ont été faits



10
Furtivement et avec élégance il s’écrase sur
le rocher ça surplombe
domine puis choit
est-ce que la clarté seule nous emmène ici
cela pousse les graines croissent
une forêt tropicale développe des instincts
amortit plisse et ploie
comment comprendre enfin les vapeurs qui nous atteignent



11
Je continue de te parler à toi
toujours ce tu en sous-texte
planqué dans les étagères
je ne saurais te trouver en tes abondances
ce sont des représentations des shows en continu
il faut que cela s’arrête il faut
qu’il s’arrête



12
Encore à la recherche des définitions
l’instrument
mes pieds bien dans le centre
posés
tu cours autour
en révolution
je les crie
cela n’a pas l’air de percer



13
Sans jamais mettre le doigt dessus
elle dit elle
ne sachant pas plus donner un contour
cette aversion pour la netteté
le goût pour l’intermédiaire se concrétise
de cela
il va falloir trouver la bonne allée
lâche la feuille
jouer la fraude



14
Je feuillette les journaux
la table basse
toi en face sors de toi
il y a du people et du maquillage
tu sors ton mascara et tu tires sur la peau de ton cou
le battant évente
laissant filtrer la voix



15
Le scotch sur ta bouche t’empêche
et m’empêche
et t’empêche
il aurait peut-être simplement fallu
baisser le rideau
recouper l’échelle



16
Un saut à l’élastique pour te faire comprendre
l’énonciation s’agite encore au bout de la ligne
tu essaies de l’enrouler autour de tes doigts
le ton grave a disparu




[...]



vendredi 11 novembre 2016








s’engourdir les mains à force de réfrigérer la pensée
on essaie bien de la larder d’ondes qui modifient les structures moléculaires
ça ne fait pas pour autant avancer l’ouvrage
engoncé - cette chaise de bureau
c’est open bar à l’open space ce soir
ce soir ça va enjôler de par les salives
dans l’enclave comment joindre
les engelures sur les doigts ça y est
elle est là
elle est là pourtant
elle danse
la ligne de ses poils dans le dos
le siège pivote dans un grincement
l’élection sa mort le naufrage
l’autre ne sait plus déglutir
ne sait que croupir se sclérose
s’exciter devant les news
et il aura fallu aller à la jasserie
pour sentir autre chose que l’odeur de l’encre laser tout juste sèche
marcher dans ce temps
entre le crash et le lever
les rouages pris dans l’huile sous le capot de l’ordi
ça fume mais c’est peut-être simplement l’humidité de la montagne
alors
c’est peut-être les grandes lignes hautes tensions qui balancent trop
qui font ne plus discerner
effaçant l’image d’elle qui bouge dans l’huile teintée noire
suivre sa colonne vertébrale qui serpente
apaisé dans la chaise
endolori et dur
départ juste huit-cent watts
assez bien grillés








lundi 7 novembre 2016




Langue  de nos mères

L’art de la parole et le jambon de ta mère suspendu dans la cuisine
Cela fait combien de temps que le vin n’est plus à la table
Ça coulait rouge
Sur la table en bois massif
Entre les pions et la musique au fond
Il y avait le chien sans dents
Et il n’y avait pas tant de façons de le nommer
L’oublier au-dessous
Le torchon contre le four
Et le miel sur le pain salé
On ne se demande plus où l’on a appris à parler comme ça
S’il faudrait être reconnaissant de la faculté
S’il fallait se soulever
Devant qui
La mère devant la tarte
Et nous fiers
Elle sent et dit que le verbe s’est échappé
Il est venu s’appliquer regarde sur la meringue
Ça colle
Ça adhère
Et l’origine n’existe plus vraiment
Elle s’est dissoute
L’éloquence a été ramassée sur le bord des chemins
Regarde le zeste comme il est devenu translucide
Comme il s’est pris dans le tout
C’est surtout avec les blancs des œufs en neige
Que l’on a frappés si fort
A la table le père dit quelque chose
Tu ne te retournes pas
Explique un peu mieux
On va jouer à ce jeu
Le chien gueule dessous et redevient silencieux
Notre tarte fumante
Et il faut se taire pour accueillir la règle
Tu fais cliqueter le couvert
Nous ne savons plus d’où provient cette parole
Pourquoi ressemble-t-elle à ce à quoi elle ressemble
Pourtant l’évidence est que ce qui sort de ta bouche
Modelé par ta langue
N’est pas ce qui sort de celle de ta mère
Quand ta mère dit le verbe s’est échappé
Il est toujours en fuite
Tu dis que le verbe se trouve dans les ordures
Dans les particules
Se ramasse
Et se transmet de mains en mains
Peu importe la langue qui fait la pâte
Peu importe qu’elle soit la première à s’accrocher aux tympans
Et le chien gueule par-dessus et tous les chiens gueulent par-dessus
Le verbe se transforme
La tarte diminue sur la table
Il y a des miettes
Le père continue de parler à propos du jeu
Mais nous ne le comprenons pas
La parole en fuite
Oublie
Les miettes au chien

La partie se termine
On se trouve illettrés raclant nos gorges à la recherche de résidus de commun
La langue de naissance est sèche
Le dénominateur n’est plus qu’un spectre




vendredi 14 octobre 2016